Tout ce que vous devez savoir pour un chantier zéro déchet
Quelles sont les pratiques à mettre en œuvre pour des travaux plus écoresponsables ?
Après l’agriculture, le secteur du bâtiment est le deuxième producteur de déchets, avec une quantité estimée entre 37 et 40 millions de tonnes par an, selon l’ADEME. Pour limiter cet impact environnemental, des directives nationales à destination des collectivités et entreprises ont vu le jour. La loi relative à la transition énergétique et le Grenelle de l’environnement ont aussi imposé des mesures sur le sujet et les particuliers sont, cette fois, tout aussi concernés, comme nous allons le voir. Il est désormais imposé de revaloriser et de recycler certains matériaux afin de réduire de 70 % les déchets du BTP à l’horizon 2020. Mais ces initiatives sur la gestion et le recyclage des matériaux sont loin du zéro déchet total. Dès la conception, la prévention doit être de mise car le déchet le moins polluant reste celui qu’on ne produit pas. Dès lors, la règle des 3 R s’applique : « réduction, réutilisation et recyclage ».
Pour faire les bons choix, votre projet de construction ou de démolition doit être considéré bien en amont et dans son ensemble. Voici quelques questions à se poser lors de la conception :
- Quel déchet va produire tels travaux ? Seront-ils valorisables ?
- Est-ce qu’il est possible d’éviter de démolir un élément et de se servir de l’existant comme support ?
- Quels sont les matériaux qui génèrent le moins d’emballages ?
- D’où proviennent les matériaux choisis ? Existe-t-il des matériaux recyclés utilisables ?
Une réflexion approfondie sur les différentes étapes des travaux permettra de réduire considérablement les déchets.
Interrogez-vous également sur la superficie du futur bâtiment, car c’est la meilleure façon de réduire l’impact sur l’environnement à la source. De quelle surface avez-vous réellement besoin ? La concertation avec un architecte permettra certainement d’optimiser l’espace en fonction de votre mode de vie.
Il est important d’entrer dans une démarche de déconstruction intelligente lorsque l’on entame des travaux. Tout d’abord, il faut identifier les matériaux qui peuvent être réemployés ou cédés à des associations, voir à des antiquaires. Certains matériaux peuvent être réutilisés dans votre nouvelle pièce, comme des poutres en bois qui pourront même devenir des atouts décoratifs. De même, posez-vous la question de savoir s’il faut forcément détruire ou s’il existe des solutions pour moderniser ou recouvrir l’existant. Le coût n’en sera alors qu’amoindri.
Ensuite, il sera nécessaire d’essayer de déposer l’existant le plus soigneusement possible pour ne pas abîmer des éléments qui pourraient être réutilisés.
Même si le marché est encore peu développé, il est possible de se fournir en matériaux issus du recyclage. Il existe par exemple des plaques de plâtres fabriquées à partir de plâtre issu des déchets de chantier ou des briques en verre recyclé.
Il existe aussi de nombreux matériaux de construction biosourcés et produits en France. Dans le cadre du projet Bâtir pour la planète, la Fédération française du Bâtiment a édité un guide disponible sur leur site.
Pensez local. Les matériaux de chantier qui ont traversé toute la planète ont un impact sur environnement. Favoriser les circuits courts est un acte écologique, puisque l’on diminue l’émission des gaz à effet de serre par la réduction des distances parcourues, mais aussi citoyen puisque l’on permet la mise en œuvre d’un savoir-faire local. Lorsque vous choisissez vos outils et matériaux, intéressez-vous donc à leur provenance. Vous pouvez également choisir des entreprises de valorisation proche de votre commune pour éliminer vos déchets.
Le tri des déchets est indispensable pour assurer leur élimination dans les règles de l’art et en réduire les coûts. En effet, les entreprises chargées de les éliminer refusent souvent de prendre en charge les déchets mélangés ou demandent plus d’argent pour le faire. Avoir des déchets triés correctement facilite également leur redirection vers des filières de recyclage.
La législation distingue trois types de déchets.
- Les déchets inertes : Il s’agit, par exemple, du béton, de la brique, des tuiles, des pierres, de la terre… Ce sont principalement des déchets minéraux produits par l’activité de construction, qui ne brûlent pas, ne se décomposent pas et ne produisent aucune réaction physique ou chimique. Ils sont peu dangereux pour l’environnement, mais ils sont contraignants car lourds et encombrants.
Comment les valoriser ?
Par le réemploi sur le chantier si cela est possible, par exemple en réutilisant la terre et les gravats pour créer un remblai ou en fabriquant un muret avec des briques récupérées. Vous pouvez aussi faire appel à une entreprise qui concasse les déchets et les redistribue. Ils pourront alors servir à des travaux comme le nivellement d’une nouvelle route. Pour connaître toutes les adresses des centres de valorisation à proximité, consultez le site Fédération française du Bâtiment.
- Les déchets non dangereux non inertes : Ces déchets variés ressemblent plus à ceux de notre quotidien et ne présentent aucune caractéristique de dangerosité (non toxiques, non corrosifs, non explosifs…). Ils comprennent les métaux, le bois, le papier, les cartons, le plastique, les laines minérales, les isolants, le plâtre …
Comment les valoriser ?
La plupart d’entre eux sont recyclables. Apportez-les alors dans des déchetteries professionnelles où un personnel qualifié vous aidera à les trier. Attention cela demandera que le tri des déchets soit correctement effectué. Les déchets organiques peuvent être compostés ou recyclés en combustible.
- Les déchets dangereux : Toxiques et polluants, ils contiennent des substances nocives pour la santé ou pour l’environnement. Ils doivent donc être traités au cas par cas avec la plus grande vigilance et nécessitent un traitement adapté. Il s’agit par exemple des peintures en solvant, du bois traité avec des oxydes de métaux lourd, de l’amiante friable ou des hydrocarbures. Seules des entreprises soumises à la nomenclature ICPE (Installations Classées pour le Protection de l’Environnement) et agréées seront capables, suite à la délivrance d’un arrêté préfectoral, d’assumer le traitement de ces déchets de chantier, soumis à des obligations de traçabilité.
ET VOUS ?
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